Le Renard qui nageait dans la mer de pissenlits

Ce texte est une adaptation de la série “Le Renard qui nageait dans la mer de pissenlits” disponible dans le jeu Genshin Impact en se promenant dans le monde de Teyvat. Nous avons décidé de vous offrir une alternative intéressante pour consommer le lore de l’énorme univers qui est entrain de se créer pour nous En espérant que ce format de publications vous plaise! (Toutes les images ajoutées ont été capturées par un membre de l’équipe de Culture Weeb!)


Localisation de tous les tomes de la série Le Renard qui nageait dans la mer de pissenlits :

  • T.01 : En parlant avec Flora la floriste, ou dans la libraire de Mondstadt
  • T.02 et T.03 : Dans la Librairie de Mondstadt;
  • T.04 : À l’intérieur du vignoble dans le Domaine de l’Aurore;
  • T.05, T.06 et T.07 : Dans la Librairie de Mondstadt;
  • T.08 : Sur un baril situé sur le balcon du vignoble dans le domaine de l’Aurore;
  • T.09 : Sur l’une des tables aux côtés de la boutique “Bon Chasseur”;
  • T.10 et T.11 : Dans la Librairie de Mondstadt.
Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

«.Pissenlit, dent-de-lion, vole vers une autre destination ! murmura-t-il. Il souffla sur la fleur, jusqu’à ce que les pétales s’envolent tous les uns après les autres, puis, d’un air sérieux, il ajouta :

À quand cela remonte-t-il ? Il fut un temps où une forêt luxuriante se trouvait derrière le village. Ses arbres se dressaient autour d’un petit lac en son centre. La surface du lac rappelait l’aspect des vitraux de la cathédrale de Mondstadt, lisse et brillante. Filtrant à travers les feuilles, les rayons du soleil se déposaient sur l’eau, la faisant scintiller comme si des milliers de gemmes y avaient élu domicile, offrant une vision des plus enchanteresses.

Il faisait frais ce jour-là.

Chassant avec mon arc dans la forêt, j’avais marché jusqu’au lac ; absorbé dans la contemplation de l’eau scintillante, l’image d’une fille que j’avais aimée il y avait de cela si. longtemps s’était mis à flotter à mon esprit. J’avais oublié jusqu’à son apparence ; mais le souvenir de ses yeux semblables à l’eau du lac me revenait ; on aurait dit les éclats de quelque gemme. Mon regard se perdit sûr.la surface de l’eau. Je me mis à marcher d’une manière nonchalante au bord du lac, oubliant la raison pour laquelle j’étais venu. Je me réveillai au son d’un objet en train de geler. Une fleur brumeuse avait glacé le lac au bord duquel elle poussait.

À côté se trouvait un renard blanc-dont la queue était prise au piège dans la glace. Il avait dû malencontreusement baisser sa queue lorsqu’il était en train de boire, au moment où la glace se mettait à se répandre. Les fleurs brumeuses sont des plantes dangereuses capables de causer des gelures si on ne les manipule pas avec soin. Mieux vaut prendre ses précautions avant de les cueillir. Le renard prit peur en me voyant-approcher.

Il essaya de s’enfuir, mais tirer sur sa queue encore coincée le fit gémir de douleur. « Il ne s’en sortira pas », pensai-je. « Pauvre de lui. Il mourra même si je ne le sauve pas, autant en profiter pour en faire mon gibier du jour. », me dis-je. J’imaginais le délicieux ragoût de renard que je pourrais cuisinier avec les carottes de mon jardin. Cette pensée provoqua un sourire sur mon visage.

Je pris mon arc et m’approchai doucement de l’animal. « Gentil renard, ne bouge pas… »


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

« Gentil renard, né bouge pas… » Mon grand-père m’avait appris ces mots lorsqu’ensemble nous partions à la chasse. Prononcer calmement cette.phrase en tendant la corde de l’arc permet d’assurer la main et d’éviter ainsi tout tremblement intempestif. Alors que je m’apprêtai à relâcher la corde, le renard pencha la tête de côté, et plongea son regard dans le mien. Ses yeux brillaient tels la surface d’un lac, semblables à quelques fragments de gemme. Mà tête se niit tout…-à-coup à tourner, comme si une tempête avait soudain décider d’y faire rage. Ma flèche rata sa cible et vint se planter dans la glace à ses côtés. La queue dressée, le renard rue lança un dernier regard, puis s’enfonça en courant dans la forêt.

Reprenant mes esprits, je m’élançai à sa poursuite, mais quel homme peut se vanter de tenir la distance face à-un renard ? La silhouette dm renard s’amoindrit, pour devenir un point blanc au. loin. « Hé ! Reviens !- criai-je essoufflé. À ma grande surprise, le renard se mit à ralentir. « Serait-il en train de m’attendre ? » m’interrogeai-je.

« Personne n’est capable de le rattraper s’il décide de fuir… Les renards sont d’étranges animaux, capables de disparaître en un clin d’oeil, quand bien même ils se trouvent dans un endroit dégagé tel que Ventlevé. On pourrait presque imaginer qu’ils s’éclipsent dans un autre monde. Réfléchissant ainsi, j’en étais de plus en plus convaincu : ce renard m’attendait. J’en étais certain. Pendant un long moment, je poursuivis le brillant point blanc à l’horizon. Une brise glacée se mit à souffler.

Je ne pus retenir un éternuement. La surprise me cloua sur place lorsque je relevai les yeux.

« Hein ? » Au loin s’agitaient-à priment non plus un, mais deux points blancs. Puis trois, puis quatre… On aurait dit qu’ils se multipliaient avec le souffle du vent. Je finis par en perdre le compte. C’est alors qu’une sensation de piqûre m’envahit les yeux, tandis que ces mêmes points blancs semblèrent voler et s’y nicher.

Je me frottai les yeux, pour découvrir que tous n’étaient que des pétales de pissenlits apportés par le vent ; des renards ne restait aucune trace. Me moquant de ma méprise, je rebroussai chemin et rentrai chez moi. Mon repas consista en un ragoût de viande aux carottes sans viande d’aucune sorte.

Je déteste les carottes bouillies, et cela ne suffit guère à me remplir le ventre, qui continua à réclamer jusqu’à ce que je sombre dans le sommeil. Je me réveillai en pleine nuit au son d’un léger grattement à la porte.


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

Ayant raté ma tentative d’attraper le renard, je mangeai mes carottes bouillies sans saveur, puis partit au lit le ventre criant encore famine. J’aurais tout oublié de cette histoire si ce n’avait été pour ce qui arriva par la suite. Je me réveillai en pleine nuite au son d’un léger grattement venant de l’extérieur. « Serait-ce un sanglier venu se servir dans mes carottes ? »

Je m’arrachai à mon lit et ouvrit la porte. A ma grande surprise, un petit renard sellerait là, son pelage si blanc qu’il donnait l’impression de briller dans la nuit, un peu à la façon dont les rayons du soleil se reflètent à travers les arbres sir la surface de l’eau. « Tu dois sûrement être le renard de ce matin… »

Ainsi pensant, je vis ses yeux semblables à quelques gemmes à la surface d’un étang me fixer ; j’eus l’impression qu’ils voyaient jusqu’au plus profond de mon coeur. Je m’avançai à sa rencontre, les mains vides, encore bouffi de sommeil. Cette fois, il ne bougea pas et m’attendit en silence. Mais alors que j’approchai; il parut gagner en taille. Lorsque je l’eus rejoint, l’animal avait pris forme humaine.

Devant mes yeux se tenait à présent une jeune femme svelte, au long cou et à la peau éclatante.

Ses pupilles rappelaient toujours des gemmes chatoyant à la surface d’un lac, telles les rais du soleil filtrés partes branches et retombant sui. l’eau. « Quelle beauté. Elle me rappelle cette fille dont je m’épris, il y a de cela si longtemps, et dont le nom aujourd’hui m’échappe… Mais ces yeux, cela ne peut être qu’elle. » pensai-je. « C’est impossible. Ce ne peut être qu’un tour de magie. »  Mais le plus étrange était qu’en cet instant, je sus instinctivement que les renards étaient capables d’user de la magie.

Oui, ces yeux auraient pu vous faire croire n’importe quoi. Mais tours de magie comme transformation, bien que phénomènes déjà en soi exceptionnels, ne me stupéfiaient pas autant que ce regard limpide. Nous restâmes ainsi un moment debout en silence dans la nuit. Après un long silence, elle ouvrit la bouche. Elle ne s’exprimait pas dans la langue des hommes, mais je la compris – encore quelque autre tour de magie.

« Je ne serais plus de ce monde si vous n’étiez pas venu me sauver au lac. » Réfléchissant un instant, elle ajouta : « Mourir au bord du lac scintillant n’este pas si mal ; mais nous les renards, savons faire preuve de reconnaissance. Laissez-moi vous retourner cette faveur. » La renarde me fit une courbette, ses longs cheveux soyeux glissant sur ses épaules.


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

Les jours qui suivirent cette nuit, la renarde ne revint pas. Mais durant ces quelques jours, de plus en plus de proies apparurent dans la forêt. Des petits pinsons, des grues à longues pattes, des sangliers… Était-ce une manifestation de saison, ou était-ce une sorte de compensation de la renarde ? Quoi qu’il en soit, du vrai ragoût fut enfin servi à table. Mais la renarde ne revenait pas,. Aussi étrange que ça puisse paraître, m’endormir le ventre plein s’avéra plus difficile qu’avec le ventre vide. Je ne pouvais pas arrêter de penser à ce que j’avais vu ce jour-là, à cette renarde qui s’était transformée en femme.

Quand pourrais-je revoir ces yeux d’un bleu aussi profond que les eaux d’un lac ? Je dormais d’un sommeil trouble, lorsque j’entendis un léger bruit derrière la porte. Espérant qu’il s’agissait de la familière silhouette blanche, je bondis du lit et ouvris la porte avec hâte. Hélas, point d’iris azuréen, point de queue au blanc immaculé ! Seulement des pissenlits virevoltant au clair de lune, tels des flocons de neige. Et soudain, quelque chose pénétra dans mes narines… « Atchoum ! » Tout à coup, les pistils de pissenlits duveteux se mirent à emplir les airs à la manière de quelque tempête.

Et au milieu de cette tornade de pissenlits, deux yeux, semblables à des pierres précieuses, me regardaient, comme s’ils essayaient d’atteindre mon coeur.

Affrontant le tourbillon de pissenlits, je m’avançai vers la petite renarde. Cette dernière bougea légèrement ses oreilles, remua sa longue queue sur l’herbe et se retourna, avant de disparaître dans les profondeurs de la forêt. Je me dépêchai de la suivre. Je pouvais apercevoir la petite boule blanche qui apparaissait par intermittence dans la pénombre des arbres. On aurait dit la projection du clair de lune filtrant à travers les feuillages, ou quelque fée espiègle aux mouvements gracieux. Faisant confiance à la renarde, je la suivis pendant un long moment, jusqu’à sortir de la forêt sombre.

Devant moi, sous le clair de lune, s’étendait un océan sans fin de pissenlits. Abasourdi par une telle vision, j’entendis un bruit derrière moi… Un bruit faible et léger… Comme les pieds nus d’une jeune fille marchant sur un sol recouvert de feuilles… La renarde s’arrêta juste derrière moi, alors que la brise nocturne m’apportait son odeur, humide et fraîche et avec une teinte légèrement amère de pissenlits.

Deux mains se posèrent sur mes épaules. Je pouvais sentir leurs longs doigts glacés. Elle se rapprocha de mon oreille, ses longs cheveux retombant sur mon épaule. Je pouvais ressentir les battements de son cœur contre moi, et les mouvements de sa respiration, calme et rassurante. « Seuls les renards savent comment venir ici, dans le royaume des pissenlits. J’espère que tu resteras pour apprendre à mon fils à parler la langue des humains… En échange, je t’apprendrai l’art magique des renards. » Ses mots me chatouillaient l’oreille, comme Line fraîche brise nocturne transportant des pissenlits. Étrange… Je ne lui avais jamais parlé de la magie des renards, alors… Comment avait-elle su?

Sans rien dire, elle me prit la main et m’amena dans l’océan La brise du nord et celle du sud, et les senteurs légèrement rappelaient de lointains souvenirs. • Elle m’emmena jouer tendrement, à la manière d’un renard, jusqu’à ce que la lune soit haute dans le ciel.
de pissenlits… amères qu’elles amenaient, me parmi les boules blanches, jusqu’à ce que la lune soit haute dans le ciel.


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

Dans cette immense mer de pissenlits sans fin, je regardais les fleurs s’envoler. Je compris soudain quelque chose. « C’est ici que les renards viennent se cacher lorsqu’ils se font chasser… » pensai-je. « Quel endroit magnifique. » Cependant, un sentiment de vide emplissait toujours mon coeur alors que j’enseignais au renardeau le langage des humains, comme si un vent soufflait en moi.

À chaque fois que nous discutions, je me perdais dans ses yeux innocents rappelant des gemmes. Dans ces moments-là, j’avais l’impression de ne pas parler à un renard, mais à la
fille que j’avais aimée, il y avait de cela si longtemps. Lorsque nous étions ensemble, c’était comme si la personne aimée avait eu un enfant ; bien que nous nous entendîmes très bien, une tristesse persistait. Mais à la pensée de la promesse qu’elle m’avait faite – que si j’arrivais à lui enseigner la langue commune, elle me transmettrait l’art magique des renards -, et au souvenir de l’air solennel avec lequel elle m’avait fait cette promesse, je savais qu’elle était sérieuse, et je n’en étais que plus impatient.

Pourrais-je un jour me transformer en oiseau ? Jusqu’à quelle altitude pourrais-je voler ? Et pourquoi ne pas me changer en poisson ?

Sous cette forme, peut-être arriverais-je à nager jusqu’au Récif de Musk que je n’avais jamais eu la chance de voir… « Ah, et je pourrais aussi utiliser cela pour chasser ! Plus besoin de manger des ragoûts sans viande ! », pensais-je aussi.

Je perdis le fil du temps. Combien de temps restai-je dans cette mer de pissenlits agitée par la brise ? Le renardeau apprenait tellement vite ! Je lui enseignais non seulement la langue humaine, mais aussi le calcul, le jardinage, comment changer une fenêtre ou encore comment affûter un couteau. Nous discutions souvent pendant les pauses.

Un jour, je lui demandai : « Pourquoi veux tu apprendre la langue des hommes ? » Il me répondit d’un air heureux : « Je veux devenir leur ami ! » répondit-il aussitôt.

« Pourquoi veux tu devenir leur ami ? » renchéris-je. Il baissa les yeux.


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

« Pourquoi veux tu apprendre la langue des hommes ? » demandai-je au petit renard.

Il me répondit en langue commune d’un air heureux : « Je veux devenir leur ami ! » répondit-il aussitôt. « Pourquoi veux-tu devenir leur ami ? » renchéris-je.

Le renardeau baissa le regard d’un air triste. « Je J’ai rencontré un garçon dans Une forêt lointaine, dit-il. Il était vêtu de gris et son apparence comme son regard rappelaient ceux d’un-loup. J’avais appris quelques tours, et en étais tout excité. Je pouvais courir dans l’herbe sur mes deux jambes, quelle nouveauté ! Mais le renard et l’homme né font pas la même taille ; ils ne voient ni ne sentent les mêmes choses. – Professeur, vous comprenez, n’est-ce pas ? Lorsque je repris mes esprits, je réalisai que j’étais perdu. »

Au souvenir de cet évènement, sa voix devint triste.

Il continua, expliquant_ qu’il avait pénétré profond dans la foi-êt, jusqu’à tomber sur une bête démoniaque. Alors qu’il pensait son sort réglé et se voyait déjà dévoré, un jeune garçon gris comme un loup apparut, et fit fuir le monstre. Puis sans dire un mot, il disparut dans les arbres d’où il avait émergé. ,

« Si j’arrive à devenir un homme et à parler la langue des hommes, je pourrai partir à la recherche du garçon-loup, et devenir son ami ! » – fit joyeusement le renardeau. À Ces mots,-je ne pus que lui demander : « Ne suis-je pas déjà ton ami ? Il fit de son mieux pour me répondre en langue commune : « Mère m’a dit que vous étiez mon professeur ; c’est différent. Je suis désolé, je ne veux pas volts blesser. » .

Il détourna le regard, embarrassé. L’esprit visiblement occupé, il battait de sa queue les pissenlits alentour, plongé dans ses réflexions. « Je sais ! » fit-il soudain. « Je serai aussi votre professeur si je trouve quelque chose à vous apprendre ! Et nous serons alors égaux ! » Bien que sa maîtrise de la langue laisse à désirer, le renardeau, tout à son excitation, parlait plus vite, buttant sur les mots.

« Je vais vous apprendre des tours de magie dont moi seul ai le-secret. »


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

« Je vais vous apprendre des tours de magie dont moi seul ai le secret. » Il ne parlait pas encore bien la langue ; mais pour que l’on soit amis, il y mit toute son énergie, enchaînant les mots avec difficulté. Il cueillit un pissenlit. « Pissenlit, dent-de-lion, vole vers une autre destination ! murmura-t-il.

Il souffla sur la fleur, jusqu’à ce que les pétales s’envolent tous les uns après les autres, puis, d’un air sérieux, il ajouta : « Comme ça, votre voeux sera emporté par le vent et atteindra Barbatos. » Une petite brise se leva alors, emportant avec elle nombre de pissenlits. « Regardez ! L’Archon Anémo a entendu. mon souhait ! » fit-il d’un ton joyeux.

« Qu’as-tu souhaité ?
– J’ai souhaité devenir votre ami. »

Le renardeau baissa soudain la tête. « Merci. Les renards ne sont pas faits comme les hommes ; vous avez travaillé dur pour lui apprendre la langue. » La renarde était arrivée d’on ne sait où. Ses yeux étaient aussi profonds qu’un lac ; à leur vue, le renardeau se carapata dans les pissenlits. .

« Quand il aura maîtrisé la langue… » pensai-je.

« Quand il aura maîtrisé la langue… fit tranquillement la renarde.


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

« Quand il aura maîtrisé la langue… » fit tranquillement la renarde. Je regardais son visage, émerveillé. Elle ajouta quelque chose, que je n’entendis pas clairement. La brise malicieuse de la nuit emportait les pissenlits et recouvrait sa douce voix. Ou peut-être était-ce sa langue d’origine, la langue du vent et des pissenlits ? Voyant que je ne disais mot, elle sourit. Son sourire était magnifique, faisant briller ses yeux incurvés d’une lumière brisée, semblable à deux lunes sur un lac vallonné. « Et donc, pourquoi désires-tu apprendre l’art magique des renards ? »

« Je veux apprendre la transformation, pour pouvoir voler haut dans le ciel. Je veux me sentir comme un oiseau, et pouvoir voler jusqu’à des endroits si éloignés que mes yeux ne les voient pas… » Ainsi répondis-je.

« Et pour chasser, je n’aurai plus à m’accroupir dans les buissons… Je pourrai rester en hauteur comme un faucon. » Je gardais cette pensée pour moi-même.

Et comme si le pissenlit dans ma main avait entendu mon souhait, il s’envola vers là lune. « Je vois… » Elle baissa légèrement la tête, ses longs cheveux noirs tombant en cascade sur son cou nu. La lune se reflétait dans ses cheveux et sur sa peau nacrée, qui brillaient de mille feux comme si elle reflétait l’ombre des nuages dans le ciel. Je ne pouvais pas la quitter des yeux… À un tel point que j’en rougis, et finis par détourner légèrement le regard.

Les renards sont des bêtes libres qui ne dissimulent pas leur beauté par honte, contrairement aux humains.

Ce n’était plus la première fois que je la regardais ou que je la touchais, mais je ne pouvais m’empêcher de rougir et de détourner mon regard à-chaque fois que la lune se posait sur ses cheveux.  Elle tourna la tête pour réfléchir, puis soupira, comme.si quelque chose la tracassait. Nous nous assîmes ensuite en silence-au milieu de cet océan de pissenlits pendant un moment… Un moment si long que j’ai même pensé qu’elle était en colère contre moi.

« Nous, les renards, sommes des êtres reconnaissants. Je t’apprendrai la transformation pour que tu puisses réaliser ton souhait », déclara la renarde en tournant la tête. Ses yeux cristallins brillaient au clair de lune, dégageant une aura réconfortante. Quel soulagement ! Elle n’était pas fâchée contre moi. Sans vraiment savoir pourquoi, je poussai un bref soupir.


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Les renards sont des animaux intelligents et rusés. Le renardeau apprenait très vite et me posait même parfois des questions qui me mettaient dans l’impasse. Après tout, le langage des humains est complexe et raffiné, contrairement au langage, plus simple et plus pur, des bêtes. Parfois, le langage est comme une pelote de fils entre les pattes d’un chat, s’emmêlant dans la bouche des élèves, mais parfois aussi dans celle du professeur.

Mais le renardeau était un animal intelligent et capable. Il apprit rapidement de nombreux termes liés au vent, et bientôt, il put même utiliser des mots simples pour décrire la forme des pissenlits et des flaques dans lesquelles la lune se reflétait. Chaque fois qu’il apprenait un nouveau mot et qu’il essayait d’explorer le monde avec cette nouvelle langue qu’il apprenait, il était surexcité de pouvoir donner un nouveau sens au vent, aux pissenlits et à la terre. Elle restait à nos côtés, nous regardant.

Le renardeau apprit très vite, mais je n’en tirai aucune joie. Me laisserait-elle au milieu de cette mer de pissenlits une fois que je n’aurais- plus rien à enseigner ? Le moment venu, pourrai-je encore contempler ces doux yeux sous-le clair de lune ? Continuerait-elle de sourire malicieusement et de me guider à travers ces flots de pissenlits, pour que nous batifolions à nouveau tout en inhalant la douceur amère des brises ?

Ainsi pensant, je me perdais dans des souvenirs mélancoliques.

La nuit où j’ai dit adieu à la fille de mon coeur et qui n’est aujourd’hui plus qu’un vague souvenir, la lune qui brillait dans le ciel était la même que celle-ci. « Merci pour tous tes efforts ! » La renarde était apparue devant moi. Elle se pencha et ses longs cheveux noirs, luisant au clair de lune, tombèrent sur ses épaules.

« Quand il maîtrisera le langage humain, peut-être qu’il pourra se faire de nouveaux amis… Merci pour tout ce que tu as fait. Depuis qu’il a commencé à étudier ta langue, il est bien plus heureux », dit-elle, tout en me e regardant de ses yeux qui brillaient comme deux pierres précieuses. « Mais, quand-tu nous auras tout appris du langage humain, où iras-tu ? »

Toujours fasciné par ses yeux étincelants, j’en oubliai de répondre pendant un moment. Était-ce aussi là un sort de renard ? La renarde, voyant que je restais bouche bée, soupira en souriant. Ensuite, elle se retourna et s’avança vers la lune, me guidant vers le centre de la mer de pissenlits. En voyant ça, le renardeau remua la queue, puis se retourna pour disparaître sous les pissenlits.


Le Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

Nous saluant de la patte alors qu’il s’éloignait, le petit renard finit par devenir une silhouette au loin, puis un point se fondant dans la mer de fleurs. Bientôt on ne le vit plus. La renarde se tourna ensuite vers moi et marcha à ma rencontre. Je la vis grandir alors qu’elle se rapprochait. Lorsqu’elle m’eut rejoint, elle avait changé d’aspect, et affichait apparence humaine. Devant mes yeux se tenait à présent une jeune femme svelte, au long cou et à la peau éclatante. Ses pupilles rappelaient toujours des gemmes chatoyant à la surface d’un lac, telles les rais du soleil filtrés par les branches et retombant sur l’eau.

« Quelle beauté. Elle me rappelle cette fille dont je m’épris, il y a de cela si longtemps, et dont le nom aujourd’hui m’échappe… Mais ces yeux, cela ne peut être qu’elle. » pensai-je. La magie et la transformation, bien que phénomènes merveilleux, faisaient pâle figure en comparaison de ces yeux. Nous restâmes ainsi au milieu de la mer de pissenlits, sans échanger un mot. Au bout d’un moment, je décidai de briser le long silence qui s’était installé entre nous :

« La transformation… Est-ce donc le tour que tu veux m’enseigner ?
– En effet. Je te suis très reconnaissante pour l’aide apportée pendant si longtemps. »

La renarde me fit une courbette, ses longs cheveux soyeux glissant sur ses épaules. Mes adieux récents au renardeau me faisaient encore de la peine, mais la perspective d’apprendre la métamorphose me remplissait d’allégresse. Pourrais je un jour me transformer en oiseau ? Jusqu’à quelle altitude pourrais-je voler ? Et pourquoi ne pas me changer en poisson ? Sous cette forme, peut-être arriverais-je à nager jusqu’au Récif de Musk que je n’avais jamais eu la chance de voir…

« Ah, et je pourrais aussi utiliser cela pour chasser ! Plus besoin de manger des ragoûts sans viande ! », pensais-je aussi.

« Bien ; à présent, restez où vous êtes sans bouger. » La femme se mit à me tourner autour ; à chaque tour, son corps s’allongeait.

Non seulement la femme paraissait plus grande, mais autour de moi les pissenlits se mirent à grandir également. Les fleurs qui l’instant auparavant m’arrivaient à la cheville atteignirent ma taille, et finir par être aussi hauts que les arbres. Dans mon malaise, je réalisai soudain que la femme était devenue géante.


Le renard qui nageait dans la mer de pissenlitsLe Renard Qui Nageait Dans La Mer De Pissenlits

C’est alors que tout à mon désarroi, je compris que j’étais devenu un pissenlit. J’aurais bien sûr voulu protester, mais comment faire sans langue et sans bouche pour parler ? Je ne pouvais que l’observer, elle qui à présent m’apparaissait telle une géante. D’une main délicate, elle me cueillit. « Pissenlit, dent-de-lion, vole vers une autre destination ! murmura-t-elle.

Poussées par son souffle, je sentis mes graines s’envoler au loin, et moi à leur suite. Confus, je me sentis tournoyer auvent. Ses derniers mots se volatilisèrent dans l’air, tout comme ces yeux rappelant quelque joyau, tout comme ma conscience… « Barbatos, puisses-tu transformer les renards en hommes ; alors plus jamais nous n’aurons à craindre l’arc et le couteau. »

À mon réveil, je me trouvais dans la forêt derrière le village.

Des arbres luxuriants se dressaient autour d’un petit lac en son centre. La surface du lac rappelait l’aspect des vitraux de la cathédrale de Mondstadt, lisse et brillante. Filtrant à travers les feuilles, les rayons du soleil se déposaient sur l’eau, la faisant scintiller comme si des milliers de gemmes y avaient élu domicile, offrant une vision des plus enchanteresses.

Il faisait frais ce jour-là. Chassant avec mon arc dans la forêt, j’avais marché jusqu’au lac ; absorbé dans la contemplation de l’eau scintillante, l’image d’une fille que j’avais aimée il y avait de cela si longtemps s’était mis à flotter à mon esprit. J’avais oublié jusqu’à son apparence ; mais le souvenir de ses yeux semblables à l’eau du lac me revenait ; on aurait dit les éclats de quelque gemme. Je m’étais sûrement endormi sans m’en rendre compte, absorbé dans le lac brillant de mille feux.


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